La Musique de Films Made in France
En prenant conscience du rôle que peut tenir la musique, les réalisateurs français, dès le début des années 1940 et à l'inverse du cinéma hollywoodien, se débarrassent de la tutelle du stéréotype musical sur l'image. La musique du cinéma français se démarque rapidement et son discours devient riche et varié. Elle devient moins aléatoire, plus scénarisée en suggérant d'une autre façon le choc des images. C'est pendant cette période que commence à se développer l'idée selon laquelle une bonne musique de films doit rester discrète, invisible. En n'apparaissant qu'à certains moments du film, la musique est forcément moins pléonastique et elle participe au rythme du film par ses interventions et ses commentaires. Elle devient l'un des termes de la dialectique cinématographique française. La musique n'accompagne plus d'image en image, elle ménage un décryptage qui accentue la profondeur du champ sonore du film, lui donnant une vérité chargée d'évidences.
Au début des années 1950, on a définitivement compris que la musique pour le cinéma est une discipline artistique spécifique, avec ses exigences et ses contraintes dépersonnalisantes (si on le désire). La musique se met à l'unisson des autres registres esthétiques que rencontre l'écran ; tout comme le scénariste qui est obligé de composer avec les autres constituants de l'écriture générale de l'œuvre… l'auteur, pour ne pas le nommer.
Malgré son importance de plus en plus croissante dans le rôle qu'elle tient dans la réussite de certains films (Marcel Carné, les feuilles mortes du film "Les portes de la nuit"), la musique de film bénéficie, si l'on peut dire, de préjugé dépréciatif. Elle n'est pas encore considérée, sauf dans de rares cas, comme un art "majeur", une discipline indispensable à la réussite d'un film, elle se pose sur la pellicule pour servir le film, c'est tout. Les compositeurs restent encore des musiciens inconnus du grand public et de nombreuses musiques seront redécouvertes bien des années plus tard, grâce à la volonté de quelques passionnés et à coup de rééditions discographiques.
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