jeudi 30 juillet 2009

L'histoire de la musique de film

Au temps du Cinéma muet
"Le seul intérêt de la musique de films est de nourrir son compositeur" disait Stravinski. Pourtant depuis la naissance du muet, de grands compositeurs ont prouvé le contraire.
Techniquement, le cinématographe d'antan ne vaut pas le ciné d'aujourd'hui. La musique lui est indispensable : il fallait masquer le bruit du projecteur qui trônait au milieu des spectateurs. Dès ces débuts, la musique de films apporte des effets stimulateurs à certaines séquences et les musiciens puisent dans les catalogues de théâtre, car les mises en scènes de cette époque s'en rapprochaient énormément, et de cette façon sont exploités les scènes de pluie, d'orages, de pleurs, etc. Jusqu'aux années 1920, l'animation musicale est confiée principalement à un piano ; voire un orchestre, si l'on voulait obtenir des effets plus saisissants. La plupart des musiques sécrétées devant les écrans du muet sont des schémas d'improvisation. Tantôt burlesque ou dramatique, l'instrumentiste choisissait des tempos et une ligne rythmique générale. Chaque rupture du dialogue que l'on devinait sur les lèvres des acteurs, chaque carton était l'occasion pour le musicien de réexposer la tonalité de l'œuvre.Souvent le pianiste se contentait d'images stéréotypées telles que : gammes descendantes quand une personne descend un escalier, gammes ascendantes quand celle-ci monte un escalier, accords plaqués pour la fermeture d'une porte, etc.
En 1910, Erik Satie écrit la musique du film "Relâche" adapté d'une pièce théâtrale en un acte du même nom et "Entracte" de René Clair en 1924. Satie sera d'ailleurs le premier à adapter la musique classique à l'écran avec Camille Saint-Saëns. Par la suite en 1930, Prokofiev sera sollicité à son tour pour écrire de la musique de film.
Le rythme des images apporte aux compositeurs de l'époque dits "sérieux", une autre façon de s'inspirer du réel. Même si la musique de films est dans sa construction encore liée à des principes issue de la musique classique, on remarque des combinaisons instrumentales et des durées inhabituelles. La véritable intrusion de la musique, de son écriture techniquement argumentée pour le cinéma sera pour plus tard.
Pendant toute la période du cinéma muet, on ne peut s'imaginer une seconde de silence. Les musiciens s'échinent à poursuivre le film de la première à la dernière image. Il y a des ratés, aussi cherche-t-on à perfectionner le système. En 1921, Henri Rabaud écrit la musique du film "Le miracle des loups". Il fait coïncider les morceaux de sa partition avec la durée exacte de chaque bobine de film ; beaucoup de contraintes mais peu de résultats. Cette même année, Marcel L'Herbier compose une partition exécutée par 80 musiciens en utilisant un miroir dans lequel le film se reflète afin de coordonner du mieux possible le déroulement de la partition avec celui de la bande cinématographique. En 1926, Jean Grémillon réalise "Tour au large", un film consacré aux pêcheurs. Il écrit la musique sur piano mécanique à rouleaux qui reproduit à lui seul l'ensemble de l'orchestre.L'année 1927 voit les expériences se multiplier. Pour "Félix le chat", le dessin animé, le compositeur Hindemith utilise pour la première fois un appareil fort savant de synchronisation : pendant la projection, le chef d'orchestre voit se dérouler sur son pupitre la partition musicale qu'il peut exécuter en parfait accord avec l'image. Aujourd'hui, c'est un procédé similaire qui est utilisé pour le doublage des œuvres étrangères (procédé bande rythmo).

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