jeudi 30 juillet 2009

La musique de film ou l'art d'être sous influences
La plupart des compositeurs quand ils visionnent un film pensent d'abord à l'effectif avant de penser à la thématique. Des compositeurs comme Duhamel, Jarre, Delerue ou Jansen, après une vision de "rushes" se demandent s'il y aura un piano, des percussions, un solo de cuivre, etc, alors que c'était tout à fait différent chez les compositeurs de la génération précédente.Les musiques de films qui marquent sont souvent celles où l'originalité de l'effectif instrumental s'impose, c'est à dire que le succès de bonnes musiques de films, comme par exemple celles d'Ennio Morricone ou de Nino Rota, repose là-dessus, sur une espèce d'absolutisme instrumental qui les distinguent des autres. L'utilisation de combinaisons instrumentales inattendues donnent une couleur absolument inimitable aux films de Fellini et aux westerns spaghettis de Sergio Léone ; une espèce d'osmose obtenue par des moyens purement instrumentaux.Les musiciens cinéphiles savent que leur travail va s'intégrer à un monde de son déjà élaboré. Ils doivent se soucier des dialogues, des éléments naturels ou des bruits d'ambiance, de la couleur générale du film…on n'écrit pas dans la même tonalité suivant les acteurs… ce qui détermine un certain parti pris musical (ex : " Le rapace " sur une musique de François de Roubaix pour Lino Ventura).
Un autre exemple avec Pierre Jansen qui a composé de nombreuses bandes sonores pour Claude Chabrol, demandant dans les minutages qu'il lui soit précisé très clairement à quel endroit et sur quelles phrases des dialogues va se glisser sa musique. Par cette approche, il intègre totalement dans sa partition le dialogue existant du film, pour réaliser une tentative d'osmose ("Le boucher").En France, dans la plupart des cas, la musique de film se traduit en une mise de fond minimale et le désir avoué ou caché de pouvoir rentabiliser la musique hors du film (thème à succès, chansons-tubes). Les conséquences d'une telle attitude : concessions à la mode, bandes musicales interchangeables, "hantise" du non-commercial (comprendre : musique contemporaine) et de l'esprit de recherche converge vers un risque d'appauvrissement généralisé, car en France ce n'est pas toujours le producteur qui règle l'addition, mais bien souvent les éditeurs de musique qui sont obligés par rentabilité financière de réduire le budget de la musique dans des proportions souvent intolérables pour le compositeur.

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