Rapport de la musique au film [modifier]
Pour Igor Stravinski, la musique était un « papier peint » pour le film ; il signifiait par là que la musique devait supporter l'image et l'histoire, mais ne pas prendre le pas. Dans les films musicaux, au contraire, la musique est souvent un facteur prépondérant puisque c'est elle qui guide le rythme du film : la diction (chant) des acteurs, leurs mouvements, les mouvements de caméra…
La musique est souvent le « parent pauvre » du film. Les réalisateurs et les producteurs sont conscients de son importance, notamment de l'émotion qu'elle peut susciter chez le spectateur, des pleurs associés aux violons à l'excitation d'une musique saccadée avec un son saturé, en passant par l'inquiétude, l'angoisse ou l'inconfort d'une musique dissonante. La musique est un des signifiants du cinéma. Mais souvent, elle ne fait pas partie de l'élaboration du film et est commandée sur une fin de budget, le compositeur devant s'arranger avec le film déjà monté.
Dans certains cas, le réalisateur est guidé par une musique, une chanson, un morceau qu'il a en tête, et qui pourra faire partie ou pas de la musique du film.
On distingue en général deux tendances :
une bande originale écrite pour le film ;
l'utilisation de morceaux déjà existants.
Au moment de la sortie en salles ou juste après, la musique d'un film devient en général un produit dérivé, édité sous le nom de « bande originale ».
Voir aussi : Son diégétique et extradiégétique.
L'héritage de la musique classique [modifier]
Il est assez logique de vouloir lier la musique de film à la musique classique, bien que les genres adoptés par les auteurs de musique de film puissent parfois être très différents — par exemple Eric Serra et Bernard Herrmann. Toutefois, lorsque l'on se livre à une comparaison, il apparaît que la construction est très différente. Ainsi, le « classique » dispose d'une relative liberté de construction — même s'il y a des normes telles que le nombre de mouvements dans une symphonie — alors que le musicien de film doit « coller » à la scène, parfois à la seconde près. Une autre différence est la richesse, qui est plus importante dans la musique classique. Les auteurs de musique de film sont souvent tenus à une certaine récurrence voire une certaine redondance. Il faut rappeler que la musique est faite pour illustrer le film et non l'inverse (à quelques exceptions près, notamment la musique de Paul Dukas reprise dans Fantasia). Ainsi, la même phrase musicale peut être déclinée de différentes manières tout au long du film, souvent avec des instruments différents. On se souviendra par exemple du thème du film Les tontons flingueurs de Michel Magne, décliné version « grand siècle », mais également « yéyé années 1960 » et avec un banjo, lors du très fameux « bourre-pif » asséné à — Bernard Blier par Lino Ventura.
Certains des compositeurs de musique de films ont été simultanément des compositeurs de symphonies, de concertos et/ou de ballets — Igor Stravinski, Jerome Moross, Arthur Honegger, Aaron Copland etc.. Comme tels, ils ont été classés comme musiciens classiques. Pour les autres, il est indéniable que la plupart d'entre eux, souvent de par leur formation classique — ainsi par exemple Georges Delerue fut l'élève de Darius Milhaud[1] —, ont été influencés par les morceaux du répertoire classique. D'où certaines filiations que le mélomane n'aura aucun mal à reconnaître en écoutant attentivement certaines musiques de film. Elles constituent une sorte d'hommage aux classiques.
Exemples :
Gérard Calvi s'est inspiré de Musique pour Cordes, Percussions and Celesta de Bela Bartok dans Allez France.
Bill Conti reprend des phrases de Piotr Ilitch Tchaïkovski, les Ballades et variations norvégiennes d'Edvard Grieg, des passages de La Moldau de Bedřich Smetana, le 2e Concerto pour violon de Johannes Brahms, Nuit sur mont chauve de Modeste Moussorgski et assez logiquement, des passages des Planètes de Gustav Holst dans The Right Stuff — L'étoffe des héros. On retrouve également Marcel Tournier dans ce dernier film, lorsque les sept astronautes et leurs épouses regardent le spectacle de danse.
Hugo Friedhofer reprend quelques thèmes du Concerto pour Harpe de Einojuhani Rautavaara dans An Affair to Remember — titre français : Elle et lui.
Russell Garcia reprend la Rapsodie espagnole de Maurice Ravel ainsi que le 3e mouvement de Music for Strings, Percussion and Celesta de Bela Bartok dans Time machine.
Bernard Gérard et Jacques Ertaud reprennent les concerti pour piano de Rachmaninov dans la musique de la série télévisée Maria Vandamme.
Jerry Goldsmith reprend la Sonate pour piano d'Alberto Ginastera ainsi que le 3e mouvement de la Musique pour Corde, Percussions and Celesta de Bela Bartok dans Coma. Il reprend L'enfant et le sortilège de Maurice Ravel pour Legend, certains thèmes d'Isaac Albeniz pour Basic Instinct, Le poème symphonique le Prince Ivanov de Serguei Rachmaninov pour Night Crossing — titre français : La nuit de l'évasion. Les flûtes du film Tora ! Tora ! Tora ! rappellent le troisième mouvement du Cantus Arcticus de Einojuhani Rautavaara ainsi que le 4ème mouvement de la Symphonie N°4 de Alan Hovhaness. Dans Total Recall, il s'est inspiré de la Symphonie N°2 B Minor de Joly Braga Santos. Dans Outland, on peut reconnaître des passages inspirés de la Suite Le Mandarin Miraculeux de Bela Bartok.
Ron Goodwin est sans doute le plus proche d'Edward Elgar des musiciens de films et en même temps, c'est probablement l'un des plus martiaux musiciens de films. On retrouve par ailleurs, Pomp and circumstance dans les Miss Marple ou la Bataille d'Angleterre. Dans Quand les aigles attaquent s'est inspiré de Musique pour Cordes, Percussions and Celesta de Bela Bartok. Il mélange à merveille les instruments baroques et la guitare électrique dans Miss Marple.
Bernard Herrmann s'est inspiré de Richard Wagner, d'Igor Stravinski[2], de Serguei Rachmaninov (Les danses symphoniques) et de Gustav Mahler — Symphonie N°4 — dans L'homme qui en savait trop. Dans La mort aux trousses, il reprend la 3e danse symphonique de Serguei Rachmaninov ; dans Farenheit 451 il s'inspire de La Pavane pour une pour une Infante défunte de Maurice Ravel, enfin, dans Voyage au centre de la terre, il reprend le Poème symphonique d'Anton Dvorak et son utilisation de la harpe est très proche de celle de Marcel Tournier.
James Horner pour Star trek 3 s'est inspiré de la Symphonie alpestre de Richard Strauss.
Maurice Jarre reprend Sanson et Dalila de Camille Saint-Saëns pour Lawrence d'Arabie.
Michael Kamen s'est inspiré de la Symphonie N°5 de Pierre Wissmer pour la série des Die Hard.
Michel Legrand et Henry Mancini (resp.) présentent des thèmes communs dans L'affaire Thomas Crown et Columbo (resp.).
Michel Magne s'est inspiré de Pierre et le loup de Piotr Ilitch Tchaïkovski dans Fantômas.
Ennio Morricone s'est inspiré du Concerto N°1 pour piano de Bela Bartok et des Jeux dans le cirque Maximus de Ottorino Respighi pour le film Peur sur la ville.
Alex North s'est inspiré de la Symphonie N°3 (3e mouvement) de Camille Saint-Saëns, pour la musique de The Agony and the Ecstasy.
Leonard Rosenman dans Le voyage fantastique reprend Shadows of Time d'Henri Dutilleux ainsi que Répons de Pierre Boulez.
Miklós Rózsa pour la musique de Ben-Hur reprend Les nocturnes de Claude Debussy (notamment pour le morceau intitulé La maison de Hur), Pierre et le loup de Sergueï Prokofiev et Fantaisies de Ralph Vaughan Williams. Pour Le Cid et Ivanoe, il s'est inspiré de la Symphonie N°3 de Joly Braga Santos. Pour le Cid, on reconnaît des inspirations provenant du 4e mouvement de la Musique pour Cordes, Percussions and Celesta de Bela Bartok. Les nocturnes de Claude Debussy avaient déjà quelques années plus tôt inspiré Leigh Harline pour la musique de Blanche Neige (le fameux morceau intitulé Magic Mirror où la reine se contemple dans le miroir).
Alan Silvestri dans Retour vers le futur 3 reprend des passages du ballet Appalachian Spring d'Aaron Copland.
Dimitri Tiomkin dans Le crime était presque parfait reprend la Symphonie N°1 d'Henri Dutilleux.
Franz Waxman s'est inspiré de la Symphonie pathétique de Piotr Ilitch Tchaïkovski et la Symphonie N°4 de Gustav Mahler.
John Williams pour Rencontre du troisième type s'est inspiré des Nocturnes de Claude Debussy, et pour Star Wars du Sacre du Printemps d'Igor Stravinski.
Il y a parfois également des filiations entre musiciens de films de générations différentes. Par exemple, Danny Elfman est à l'évidence très proche de Jerry Goldsmith et un passage de la musique de Dominic Frontiere dans Brannigan est également très proche d'un des passage de la musique de Jerry Goldsmith dans Planète des singes, tandis que Bill Conti est proche de la musique de Jerry Goldsmith — on retrouve la thématique de Ben-Hur dans la série des Rocky. On reconnaît l'empreinte de la musique de Jerry Goldsmith — un auteur que beaucoup de personnes connaissent sans le savoir puisque sa musique avait été prise pour le générique des fameux Dossiers de l'écran — dans certains passages de Gary Chang Piège en haute mer.
Principaux compositeurs [modifier]
A
John Addison
Paul Anka
Craig Armstrong
Malcolm Arnold
Georges Auric
B
Klaus Badelt
Marco Beltrami
Elmer Bernstein
Carter Burwell
Leonard Bernstein
Paul Buckmaster
John Barry
Jon Brion
Jean-Michel Bernard
Pierre Bachelet
Goran Bregović
Tyler Bates
Angelo Badalamenti
C
Pascal Comelade
Aaron Copland
Charles Chaplin
Benoit Charest
Bruno Coulais
Bill Conti
Gary Chang
Dmitri Chostakovitch
Fiorenzo Carpi
Sean Callery
Vladimir Cosma
Michel Colombier
Gérard Calvi
Ry Cooder
D
Antoine Duhamel
Charles Dumont
Eric Demarsan
Alexandre Desplat
Georges Delerue
Joe Delia
Patrick Doyle
E
Danny Elfman
Nicolas Errèra
F
Brad Fiedel
Dominic Frontiere
Jerry Fielding
George Fenton
Christopher Franke
Hugo Friedhofer
G
Peter Gabriel
Russell Garcia
Georges Garvarentz
Philip Glass
Nick Glennie-Smith
Ernest Gold
Billy Goldenberg
Jerry Goldsmith
Ron Goodwin
Alain Goraguer
Jean-Philippe Goude
Morton Gould
Barry Gray
Harry Gregson-Williams
Bernard Grimaldi
Fowzi Guerdjou
H
Bernard Herrmann
Joe Hisaishi
James Horner
Arthur Honegger
I
Jacques Ibert
Alberto Iglesias
Mark Isham
J
Steve Jablonsky
Maurice Jarre
Pierre Jansen
Quincy Jones
Alex Jaffray
K
Jan A.P. Kaczmarek
Michael Kamen
Kenji Kawai
Eleni Karaindrou
Ioannis Kourtis
Erich Korngold
Joseph Kosma
L
Francis Lai
Frederick Loewe
Michel Legrand
Francis Lemarque
Annie Lennox
M
Jerome Moross
Clint Mansell
Cliff Martinez
Darius Milhaud
Michel Magne
Ennio Morricone
Lyn Murray
Giorgio Moroder
Henry Mancini
N
Michael Nyman
Randy Newman
James Newton Howard
Thomas Newman
Alex North
Alfred Newman
P
Nicola Piovani
Michel Polnareff
Basil Poledouris
Jocelyn Pook
John Powell
Jean-Claude Petit
Zbigniew Preisner
Rachel Portman
Mike Post
Sergueï Prokofiev
André Previn
R
Nino Rota
Philippe Rombi
Richard Rodgers
Miklós Rózsa
François de Roubaix
Leonard Rosenman
AR Rahman
S
Ryuichi Sakamoto
Philippe Sarde
Lalo Schifrin
Eric Serra
Howard Shore
Alan Silvestri
Martin Smolka
François Staal
Max Steiner
Karel Svoboda
T
Maurice Thiriet
Yann Tiersen
Dimitri Tiomkin
V
Vangelis
W
Franz Waxman
Jean Wiener
John Williams
Pierre Wissmer
Y
Victor Young
Jo Yeong-wook
Gabriel Yared
Z
Hans Zimmer
Couples compositeur / réalisateur [modifier]
Les liens entre le compositeur de la musique et le réalisateur d'un film sont parfois si forts que leurs collaborations sont régulières et que des « couples cinématographiques » mythiques se sont formés comme :
Joseph Kosma et Marcel Carné
Bernard Herrmann et Alfred Hitchcock
Georges Delerue et François Truffaut
Nino Rota et Frederico Fellini
Ennio Morricone et Sergio Leone
John Williams et Steven Spielberg
Danny Elfman et Tim Burton
Joe Hisaishi et Hayao Miyazaki
James Newton Howard et M. Night Shyamalan
Angelo Badalamenti et David Lynch
Alan Silvestri et Robert Zemeckis
Howard Shore et David Cronenberg
Francis Lai et Claude Lelouch
Eric Serra et Luc Besson
Jean-Michel Bernard et Michel Gondry
Hans Zimmer et Ridley Scott
Clint Mansell et Darren Aronofsky
Craig Armstrong et Baz Luhrmann
Alberto Iglesias et Pedro Almodóvar
Philippe Sarde et Claude Sautet
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